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Journal d'une sentinelle Teuts

Automne 499
Heimlich, sentinelle, 3e cohorte, 2e compagnie

J’ai fais un somme, j’crois que c’était la nuit, merde j’ai perdu le compte des jours. Les têtes blanches tournent depuis des mois autour des remparts. J’dois y retourner, j’ai pas vraiment envie. Parce qu’on est pas encore vraiment en hiver et plus vraiment en été y’a ce crachin qu’arrête pas. Le genre qui rentre dans tes tripes et qui te gèlent jusqu’à l’os a moins que tu ne sues de cette chaleur collante.
Bien sur y’a personne en journée, qui se perdrait dans ces montagnes ? Mon grand père me parlait souvent de l’époque où c’était prestigieux d’être Sentinelle mais maintenant j’en vois pas l’intérêt, à part d’être assuré d’un repas - parfois chaud - une fois par jour.

A l'époque, l'Empire Teuts était grand, le plus grand du monde paraît-il, protégé par une armée drapée de rouge comme un tapis de feuille d’automne qui couvrirait les bois. A part les barbares d’Air et les midgardiens y’avait pas grand monde qui cherchait des noises à notre Empire. Mais il ne reste rien du beau pays raconté par nos aïeux. Les gens se jettent sur les routes pour éviter l’Empire d’Or et moi je gèle toute la journée sur un mur a surveiller qu’on vienne pas nous la faire à l’envers.

Mais au moins ces nomades transportent des nouvelles du monde par delà les montagnes qui nous protègent: à l’autre bout du monde, vers Terre y aurait ce marais puant écrasé par une montagne stérile habitée par tout un tas de trucs pas naturel, le genre que même les Dieux n’ont pas créé ni désiré et qui tiennent la dragée haute aux dorés. Peut-être qu'on n'est pas les seuls à tenir le coup finalement. Mais de toute façon, qu’ils existent ou pas, d’où ils sont, ils ne peuvent rien pour nous, donc qu’est-ce que ça peut me foutre.

La gigne ! Deux heures qu’il n’y avait rien à voir et soudain un de ces marioles en robes est venu pas loin du rempart. Il les a relevés, tous, et c’est pas le genre de cirque que tu veux voir à quelques encablures de ta couche. Pavel, mon pauvre Pavel, t’es encore plus laid maintenant que t’es mort mon vieux. Mais j’peux pas t'abattre et j’espère que le Sergent pourra s’en occuper. Moi, j’ai pas la force. On a fini par calmer la vague de morts qui se collait au barreau de la herse. Elle est foutue de toute façon, sabotée depuis quelques mois pour éviter que des espions Dorés viennent à l’ouvrir en pleine nuit. Encore un bon plan du Colonel.

J’rentre à la caserne, j’ai encore  tout un tas de corvées, entretenir armes, armures et le tout vas à l’arsenal. Si on crève dans la caserne, c’est plus facile de se servir sur un râtelier que d’aracher le matériel de nos cadavres déchirés. Peut être que dans quelques années j’aurais pris des responsabilités, histoire de prendre du galon. Bordel, je sais pas pourquoi je continue à croire que je compte à ce point là, je suis qu’une sentinelle Teuts parmi les autres. C’est pas moi qui vais sauver la partie à la fin du compte. J’espère juste que tous ensemble, unis, on va réussir à s’en sortir. Ça s'rait ça l’espoir ?

J’vais finir ma journée dans les bras de Shosha, enfin si elle est disponible, sinon je me fatiguerait la tête avec la bière du mess en écoutant les poivrots parler de la blanche armée et de quand ça ira mieux  (d’ailleurs cette saloperie de “bière” j’suis sur c’est juste de l’eau, du levain et du grain qui pourrit dans un tonneau à rhum)

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